Ceux qui n’ont pas connu la Dibiterie à Bordeaux, ont clairement raté une des scènes les plus mythiques et importantes de cette ville. Toutes les personnes qui l’ont composée, avaient une histoire et un charisme aussi particuliers que l’était le Rhum arrangé de ce lieu situé Rue Arnaud Miqueu.
Pour moi l’aventure a commencé un mardi de mai 2007. Le « dernier mardi » de la saison. Khalid était à l’animation de la scène slam hebdomadaire, et ce fut mon premier pas en public pour livrer une de mes créations. Le bar était bondé au point de devoir regarder les poètes à partir du pas de porte pour les derniers arrivants. La salle était bruyante, mais pourtant l’écoute était présente, et après avoir réalisé ce baptême du feu, l’ambiance et les encouragements étaient tels qu’ils auraient pu sortir le plus faible des mollusques de son marasme pour faire corps de lumière.
J’ai attendu la rentrée pour pouvoir venir avec de nouveaux textes et croiser une bande d’amis avec qui nous avions notre rendez-vous régulier chaque semaine. C’est en m’y pointant tous les mardis soirs que je suis devenu pote avec des talents et des icônes du terroir bordelais. Faire de la scène à cette fréquence, quand on est encore débutant, et avoir l’occasion de côtoyer des plumes et des interprètes aussi affûtés, ça permet d’évoluer très rapidement. En moins d’une année, j’ai appris à m’approprier la scène et à ne plus avoir peur sur cet espace, parce qu’il faut se le dire : j’étais timide ! Fallait me voir : quand je lisais un texte, je tremblais autant qu’un arbre à Sumatra. (D’ailleurs ça m’arrive encore aujourd’hui, mais la magnitude du séisme sur la feuille est plus faible).
Le mercredi soir, pour ceux qui voulaient faire la soirée en musique, la soirée des « Jouby’s » était également une institution. J’y ai appris à écouter les musiciens qui m’accompagnaient lors des improvisations. Le public était totalement différent, mais je m’y suis fait autant d’amis que le mardi.
Comme toutes les bonnes choses ont une fin : Khalid est parti, et après plusieurs animations du mardi soir, Ablaye et Pierre m’ont proposé de reprendre la soirée. C’était une sorte de consécration dans la mesure où j’y ressentais la considération de l’endroit qui m’avait vu débuter. J’étais prêt, et je l’ai fait. Ainsi a débuté une grosse soirée : le Tout Talent Tuesday, avec Panpan Master et très régulièrement Beasty. Je reviendrai sur ces deux personnages du paysage bordelais dans d’autres articles.
Puis j’ai dû partir habiter en Irlande. C’était assez soudain. A mon retour la Dibiterie avait fermé. Mais les amitiés et les souvenirs sont restés, tout comme cette vidéo.
J’adore le freestyle et l’improvisation, beaucoup disent que c’est ma spécialité. Sur le passage qu’on voit dans cette vidéo: on avait laissé un tableau au bas de la scène, les gens écrivaient des mots dessus, et il fallait tous les réutiliser dans un morceau qu’on devait improvisé avec John (à la guitare)…Il faisait au moins 90 degrés à l’ombre ce soir là !!
La liste des mots :
NEUTRE- CHIANT- SOLEIL- MELANINE- PROZAC- DORA L’EXPLORATRICE- GMAIL- NAIMA ET CHARLOTTE- MICKAEL JACKSON – SONG- INTROJECTION- FESTIVAL DE MIOS- UBUESQUE- PASSION- KILIMANDJARO – RICARTON JAUNE-LE LOUP EST LA- SCHMILBLICK- MARAS EST IL VRAIMENT CHAUVE OU PAS ?
Bonne écoute !